QU'EST-CE QU'UNE HEURE DE COURS ?
1. Une DUREE
- à inscrire dans le temps scolaire (semaine/mois/trimestre/année)
- à intégrer dans une progression (en séquences) liée au programme
2. Un ESPACE à gérer de façon
- à mettre en confiance chacun des élèves
- à favoriser la participation active de chacun
3. Une RELATION
- qui se fonde sur une situation de communication à 3 axes :
- professeur -> élèves
- élèves -> professeur
- élèves -> élèves
- qui se développe grâce au dialogue
4. Une FINALITE EXPLICITE qui se traduit en objectifs de deux sortes :
- scientifiques (acquérir des savoirs)
- méthodologiques (acquérir des savoir-faire)
5. Des CAPACITES à développer pour atteindre les objectifs fixés :
- à travers des situations données, diverses compétences doivent être mises en jeu et progressivement maîtrisées.
PRINCIPES PEDAGOGIQUES ESSENTIELS
1. LES OBJECTIFS
- Les 3 axes majeurs qui structuraient les précédents programmes - La pratique raisonnée de la langue (Rendre les élèves capables de s’exprimer avec correction et clarté dans la langue d’aujourd’hui, oralement et par écrit) / La formation d’une culture (Découvrir la variété des discours et des types de textes…s’initier à la lecture des œuvres littéraires qui développe l’intelligence, la sensibilité, l’imagination et forme l’esprit critique et le jugement) / L’acquisition de méthodes et pratiques (Apprendre à travailler par soi-même, développer l’aptitude à l’abstraction et au raisonnement) - restent présents dans les nouveaux programmes, mais s’intègrent dans une seule finalité précise et concrète : rendre les élèves capables de s’exprimer et de structurer leur jugement, à travers la maîtrise des discours.
NB : Discours = toute mise en pratique du langage dans un acte de communication à l’écrit ou à l’oral.
- L’apprentissage des diverses formes de discours donne aux acquisitions leur orientation générale et les situe dans leur contexte : la vie sociale est tissée de discours, la culture est par eux transmise, la langue se présente à tous, toujours, dans la réalité des pratiques discursives. Ce sont donc ces pratiques - parler, lire, écrire - qui structurent l’ensemble des programmes.
2. LA PROGRESSION
- L'enseignement du français ne saurait se résoudre en une suite de cours juxtaposés : il met en oeuvre un projet* pédagogique qui constitue un ensemble organisé de séquences*, toutes liées à des objectifs déterminés.
* projet = ce que l'on envisage d'apprendre aux élèves, en une année scolaire, en fonction de la série, du programme (se référer aux IO) et du niveau de la classe (d'où l'importance des évaluations de début d'année)
* séquence = enchaînement logique de plusieurs séances (unité du cours) rapprochées dans le temps et visant un même objectif
- Le principe de la progression inscrit l'enseignement du français dans une dynamique, soigneusement ménagée, qui ordonne les savoirs à enseigner - à partir des éléments et instruments que fournissent les Instructions et le programme - selon des parcours méthodiquement gradués. Ce sont les séquences, hiérarchiquement articulées entre elles (en fonction des différents niveaux visés), qui fondent la progression.
- Pour préparer mon cours, je dois répondre aux questions suivantes :
=> quel est mon objectif ?
=> quelles compétences doivent être alors mobilisées ?
=> sur quel support (Quel texte? Quels outils pédagogiques?) vais-je pouvoir prendre appui ?
=> quelles activités vais-je proposer pour atteindre cet objectif et mettre en oeuvre ces compétences ?
et me souvenir d'être ambitieux avec mesure ("Il convient de rester toujours à la portée des élèves, ce qui ne veut pas dire à leur niveau").
3. L'EVALUATION
- Élément indispensable d'une démarche pédagogique cohérente, l'évaluation ne saurait être assimilée purement et simplement à la seule notation. Elle se situe à 3 endroits stratégiques de la progression :
Evaluation initiale = elle constitue un diagnostic préalable, nécessaire pour sonder les pré-acquis et repérer les besoins.
Evaluation formative = elle accompagne les séquences d'apprentissage, permet aux élèves de s'auto-évaluer et au professeur de réajuster éventuellement ses objectifs.
Evaluation sommative = elle permet de vérifier si l'objectif a été finalement atteint et si les compétences visées sont maîtrisées.
- Les 5 principaux critères d'évaluation en français sont :
- La pertinence (est-ce juste par rapport au sujet donné ?)
- La densité (est-ce suffisamment développé ?)
- La cohérence (est-ce logiquement organisé ?)
- L'originalité (y a-t-il manifestation d'une pensée personnelle ?)
- La correction (la langue utilisée est-elle correcte ?)
- Lectures complémentaires :
- Réponses pédagogiques - Évaluation de français en 6ème (DLC) : brochure CNDP 860B7870 (1992)
- Aide à l'évaluation des élèves - cycle d'observation : DEP (1994)
- Le français langue seconde au collège : DLC (1991)
- Enseigner l'expression écrite et orale en 6ème/5ème : NATHAN (1990)
- L'ordinateur au service de l'enseignement des Lettres : DLC brochure 510AB262 (1992)
- La lecture méthodique : CRDP TOULOUSE (1989 et 1995)
- La séquence didactique en français - Classes de lycée : BERTRAND-LACOSTE/CRDP Toulouse (1992)
- Le projet pédagogique en français - Séquences et modules au lycée : BERTRAND-LACOSTE/CRDP Toulouse (1993)
- La maîtrise de la lange au collège (CNDP - mai 1997)
- L’enseignement du français au collège (BERTRAND-LACOSTE - avril 1997)
- Profession enseignant – Le français en collège et en lycée (HACHETTE EDUCATION - août 2001)
DU PROFESSEUR DE LANGUE
Outre les obligations statutaires énoncées ci-dessus, le professeur de Lettres doit veiller particulièrement aux points suivants :
1. LA LANGUE
- Votre responsabilité de professeur de français est ici pleinement engagée : vous devez veiller à la correction de votre expression tant orale qu'écrite (au tableau notamment!) ; la langue de la cour de récréation ne doit en aucun cas intervenir pendant l'heure de français ... car c'est le seul moment de la journée où les élèves sont en contact avec un français de qualité !
- Conséquences ?
=> pour vous : vous devez user d'une langue correcte mais bien évidemment accessible! Le lexique doit être précis et approprié, la formulation claire... et l'atout pédagogique de la répétition abondamment utilisé.
=> pour les élèves : l'exigence d'une langue correcte ne doit pas déboucher sur des blocages dans la communication. On doit donc accepter au départ toutes les réponses des élèves, puis les amener progressivement et avec bienveillance, mais systématiquement, à une reformulation.
3. LE CAHIER DE TEXTES
- Ne pas oublier que cet instrument (souvent jugé contraignant par les professeurs) est un outil de communication indispensable pour ces 4 destinataires privilégiés que sont :
=> les élèves (ou leurs parents)... qui vont le consulter pour retrouver le fil de la progression après une absence.
=> le chef d'établissement... qui exerce son devoir de contrôle du travail effectué.
=> l'inspecteur... qui peut ainsi évaluer la pertinence du projet pédagogique mis en oeuvre.
=> le collègue suppléant qui peut être amener à vous remplacer et devra donc continuer ce que vous avez commencé.
- Pour une présentation claire et concise, il suffit d'y faire figurer au moins les 3 éléments fondateurs de votre cours : l'objectif, le support utilisé et l'activité proposée.
OBJECTIFS et PROGRESSION pour le CYCLE du COLLÈGE
- L'objectif fondateur de l'enseignement du français au collège est la maîtrise des principales formes du discours (on entend par discours : toute mise en pratique du langage dans une activité écrite ou orale). La conception générale du programme se fonde donc sur l'énonciation définie comme l'actualisation de la langue dans des situations concrètes d'utilisation. .
La rentrée scolaire
- Si les premières évaluations décèlent des manques importants au niveau de ces savoirs et savoir-faire jugés indispensables, le professeur devra par le biais d'une pédagogie différenciée, qu'il pourra mettre en oeuvre notamment pendant les heures de remise à niveau et / ou d’études dirigées, s’attacher à les combler dès le premier trimestre. Ces compétences minimales concernent :
- => la communication : l'élève doit pouvoir s'exprimer correctement à l'oral en français.
- => la lecture : l'élève doit avoir acquis une bonne maîtrise de la lecture (qu'elle soit silencieuse ou à haute voix).
- => la pratique réfléchie de la langue écrite : l'élève doit maîtriser les règles élémentaires du code écrit de façon à pouvoir produire un court récit de fiction.
- => la méthodologie : l'élève doit pouvoir mobiliser rapidement un acquis et rechercher une information ; il doit avoir acquis les méthodes de travail qui lui sont nécessaires pour organiser son travail personnel (les heures désormais consacrées aux études dirigées pourront être mises ici judicieusement à profit pour l'acquisition de tels savoir-faire).
DE QUELQUES PRATIQUES PEDAGOGIQUES
1. LE DECLOISONNEMENT
- L'enseignement du français est un enseignement décloisonné. Ainsi l'apprentissage de la grammaire et de l'orthographe c'est-à-dire du fonctionnement interne du code est-il inséparable de l'initiation et de l'entraînement à l'expression écrite ; de même les compétences mises en oeuvre pour écrire rejoignent-elles celles mobilisées pour la maîtrise de la lecture.
- Il est bon que l'élève prenne rapidement conscience que l'enseignement du français n'est pas une juxtaposition de cours distincts (l'orthographe, la grammaire, la rédaction etc...) mais forme un tout : une unité dont les objectifs sont de le cultiver et de lui faire maîtriser sa langue ... ainsi découvrira-t-il très tôt que la maîtrise des outils de la langue n'a pas sa fin en elle-même mais qu'elle a une utilité immédiate : lui permettre de s'exprimer de façon à être bien compris de son entourage (d'où la nécessité par exemple de lier tel apprentissage grammatical à tel exercice d'expression écrite ou de l'intégrer à telle séance de lecture de texte ! ).
- Ce décloisonnement se traduit, dans la pratique, par l’organisation en séquences didactiques. La séquence est le mode d’organisation des activités qui rassemble des contenus d’ordre différent autour d’un même objectif, sur un ensemble de plusieurs séances ; elle se fixe un objectif, expliqué aux élèves, puis choisit les compétences à faire acquérir et les apprentissages à organiser, pour que cet objectif soit atteint.
- On rappellera de même que quiconque s'exprime par oral ou par écrit réalise une activité de discours ; cette activité se manifeste sous la forme concrète du texte ; et le texte s'articule en phrases. Aussi les trois niveaux d'analyse de la langue, que l'on doit mettre en oeuvre et combiner entre eux pour s'exprimer, relèvent de la grammaire du discours, de la grammaire du texte et de la grammaire de la phrase . Cependant dans sa mise en place, tout en étant liée à la lecture, à l’écriture et à l’oral, cette étude de la langue doit faire l’objet d’un apprentissage spécifique à l’intérieur des séquences .
- Même si chaque séance comporte une dominante connue de l'élève, elle accueille des activités qui la complètent et que le professeur aura soin d'organiser selon des modes variés (travail collectif ou individuel, écoute ou expression active, oral ou écrit, lecture expressive ou lecture silencieuse, etc...) réparties de façon équilibrée (dans une série de va-et-vient entre les activités de réception et de production), et débouchant sur un bilan des acquis au terme de l’heure.
- La durée moyenne d’une séquence varie de 8/10 heures (sixième) à 10/12 heures (troisième).
- Les activités de l'enseignement du français peuvent être réparties en grandes séries par exemple :
=> Langue - dominante grammaire - activités complémentaires en orthographe et en expression orale ou écrite.
=> Expression - dominante travaux écrits - activités complémentaires en vocabulaire grammaire lecture.
=> Lecture - dominante lecture cursive ou lecture analytique - activités complémentaires diverses d'expression (prise de parole/comptes rendus écrits ou oraux/discussion) et d'exploitation de l'image.
2. LA DÉMARCHE INDUCTIVE
- C'est la démarche pédagogique la plus efficace car elle favorise l'appropriation par l'élève des savoirs à acquérir. Elle permet aux élèves, à partir des textes ou documents qu'ils sont en train de découvrir, d'appréhender par eux-mêmes telle notion ou telle règle et d'en comprendre alors la portée ou le mécanisme.
- Cette procédure est à mettre en oeuvre notamment lors de tout apprentissage grammatical : on observera d'abord un court corpus (que l'on aura pris soin d'extraire notamment du texte ou de l'oeuvre que l'on est par ailleurs en train d'étudier) ; puis une série de questions permettra aux élèves de mettre en évidence le fait grammatical : on essaiera alors d'en comprendre le fonctionnement ; on tentera ensuite de déboucher sur une formalisation de la règle ainsi appréhendée et l'on achèvera par une application immédiate grâce à des exercices variés : identification manipulation transformation et surtout création (une petite phrase suffit ! L'important étant de s'assurer que l'élève peut réinvestir la règle induite dans une production personnelle).
3. LA LECTURE
- Les compétences de lecture telles qu'elles ont été hiérarchisées permettent de repérer aisément les élèves en très grande difficulté : il s'agit de ceux qui ne maîtrisent pas les "compétences de base" à savoir "saisir l'information explicite de l'écrit" et qui sont au nombre de 3 :
=> comprendre de qui (de quoi) on parle
=> tirer des informations ponctuelles d'un écrit
=> maîtriser l'ordre alphabétique
Il convient alors d'organiser pour eux des séances de remises à niveau (cf.: ci-dessus "l'entrée en 6ème").
- Les deux autres niveaux de compétences : "compétences approfondies" ("Reconstituer l'organisation de l'explicite" => ce qui suppose la maîtrise des principales règles du code écrit) et "compétences remarquables" ("Découvrir l'implicite") ne présentent pas le même caractère d'urgence : les divers apprentissages liés aux activités de lecture dès la sixième devraient en permettre graduellement la maîtrise.
- Les activités de lecture sont multiples et l'on a tout intérêt, pour stimuler l'élève dans son apprentissage et susciter en lui le plaisir de lire, à jouer pleinement de cette variété :
=> la lecture de textes peut se faire silencieusement ou à haute voix : tout dépend de l'objectif que l'on se fixe. On privilégiera toutefois systématiquement l'oralisation pour les textes poétiques et de théâtre, et on évitera de recourir exclusivement à une seule pratique pour les autres types de textes.
=> la lecture cursive se définit comme la forme la plus usuelle de la lecture. Elle se pratique de façon libre en dehors des séquences didactiques et porte sur la littérature pour la jeunesse. Son objectif est de favoriser le plaisir de lire et de développer l’autonomie. Elle doit être prise en compte dans des activités d’échange, en classe, sur les livres lus … mais ne peut s’accommoder de formes d’évaluation rigides. (Documents d’accompagnement du cycle central) .
=> la lecture analytique (ou méthodique) d'un texte court permet d'analyser sa situation, son contenu et les procédés d'écriture mis en œuvre. Dès la 6ème on amènera l'élève à conduire sa lecture avec méthode : en l'habituant à un questionnement précis, au choix d'une piste (en partant de ses premières réactions) pour explorer le texte, au repérage précis des indices (tant de langue que de style) ainsi qu'à la mise en relation avec le paratexte et le contexte.
=> la lecture d'une œuvre intégrale (3 au minimum par année de collège) ne peut se contenter de juxtaposer les lectures suivies des chapitres (ou scènes) de l'œuvre étudiée. Il convient, pour ne pas lasser l'élève, de varier les approches et diversifier les activités visant à exploiter l'œuvre (NB : ne pas y consacrer plus de 8 séances en sixième/cinquième et 10 séances en quatrième/troisième)
=> la lecture tabulaire permet notamment, au fil de l'étude d'une œuvre ou d'un groupement de textes (autour d'un même thème ou d'une même problématique), d'élaborer un tableau de synthèse concourant à visualiser et comparer les divers éléments relevés.
=> la lecture de l'image permet d'enrichir la sensibilité de l'élève et d'éveiller son esprit critique au même titre que le texte : ne pas hésiter à exploiter les illustrations et documents iconographiques proposés par les manuels autour des textes.
4. LE RYTHME DES TRAVAUX ECRITS
- Les exercices écrits jouent à la fois le rôle d'une évaluation formative et d'une évaluation sommative ; dans ce dernier cas, ils font nécessairement l'objet d'une notation. Ils doivent répondre à une certaine périodicité, garante d'efficacité :
=> en orthographe et grammaire : un seul contrôle par séquence longue (plusieurs semaines) mais autant de vérifications, au moyen d'exercices systématiques brefs mais réguliers, que l'impose l'évaluation des acquis.
=> en expression écrite : toutes les activités de l'enseignement du français concourent à l'amélioration de l'expression écrite. Un travail écrit par quinzaine constitue un minimum : même si ce travail n'est pas nécessairement à chaque fois, surtout en sixième, une rédaction élaborée dans sa forme achevée.
5. LES ITINERAIRES DE DECOUVERTE
Les itinéraires de découverte sont conçus comme un temps d’enseignement au service d’une nouvelle démarche pédagogique (dans la logique de celle impulsée dans les ex-parcours diversifiés et travaux croisés) qui se donne comme objectifs :
=> de favoriser une approche interdisciplinaire ;
=> de contribuer à la valorisation des goûts et des aptitudes des élèves dans le cadre d’un projet ;
=> d’offrir aux élèves, en réponse à leur diversité, un moyen de remotivation.